Affaire Dupont de Ligonnès : Les médias en mode com de crise

Le stupéfiant raté de la presse française sur l’affaire Dupont de Ligonnès place les médias face aux cruelles contraintes de la communication de crise. Et à un passage obligé par l’examen de conscience. Et comme bien des entreprises, les groupes de presse ne sont ni habitués, ni préparés à ce périlleux exercice.

Lorsqu’une entreprise traverse une crise suite à une grave erreur liée directement à son activité, les journalistes racontent, enquêtent, souvent accusent, dénoncent, pointent les fautes, les incompétences, réclament des comptes. Bref, ils ne font pas de cadeaux. Et c’est leur devoir. Cette fois, ce sont eux qui sont entraînés dans un naufrage collectif. Car la rocambolesque et fausse nouvelle de l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès est grave, pour au moins 4 raisons :

1 – Elle concerne une affaire sensible qui, on le sait, est propice depuis des années aux fausses pistes et témoignages douteux. A ce titre, cet énorme raté est difficile à comprendre.

2 – Elle frappe tous les médias, et notamment ceux qui gardaient encore une certaine réputation de sérieux : Le Parisien, qui a dévoilé le faux scoop en premier, l’Agence France Presse, qui a rapidement suivi et entraîné avec elle tous ses abonnés… Et au final, tous les médias, chaînes d’infos en continu notamment, ont amplifié le mouvement, massivement et sans réserve, pendant de longues heures.

3 – Elle intervient dans une époque où la suspicion est de mise, et la méfiance impérieuse face aux tombereaux de hoaxes et de fake news, nourris et amplifiés par les réseaux sociaux. Dans ce contexte, la presse dite « sérieuse » pouvait mettre en avant son rôle de défenseur d’une certaine vérité, d’une certaine qualité de l’information. Voilà qui va être plus compliqué désormais, au moins à court terme.

4 – Sondage après sondage, les Français expriment depuis bien longtemps leur méfiance envers les médias, leur manque de confiance envers les journalistes et leurs critiques dans le traitement de l’information. Cela risque de ne pas s’arranger.

En clair, le crash médiatique de ce samedi matin est une crise majeure car il décrédibilise de nombreuses entreprises de presse et l’ensemble d’une profession.

Comme toutes les entreprises qui traversent une crise, les groupes de presse vont devoir très rapidement (et dans l’ordre) : présenter leurs excuses à leurs clients (lecteurs, auditeurs et téléspectateurs), s’expliquer avec transparence sur les raisons de cette énorme bévue et agir réellement pour qu’un tel désastre ne se reproduise plus. Avec un objectif : bien gérer ce moment délicat pour qu’il ne s’éternise pas et, surtout, qu’il ne s’enracine pas dans les mémoires.

Un déroulé bien difficile à mettre en œuvre. Côté excuses, certains comme le Courrier Picard ont rapidement fait un mea-culpa appuyé. D’autres – à l’image du Parisien, en première ligne dans cette déroute – ont commencé à donner quelques explications… Pas sûr que ce soit suffisant pour tarir les cascades de commentaires affligés, railleurs ou scandalisés. Le retour de la confiance va prendre du temps.

Entreprises, misez sur le feed-back!

Evident et fondamental en formation, le feed-back devrait être également incontournable dans la vie professionnelle. Pour une raison toute simple : c’est une des clefs du bien-vivre en entreprise et une demande forte des salariés en France.

Une étude du cabinet de management MoreHuman Partners le confirme : les Français attendent davantage de retours de la part de leurs pairs. Plus de la moitié des sondés (55%) estiment manquer de reconnaissance dans leur environnement professionnel. Il ne s’agit pas (seulement) d’une appétence pour les acclamations et les lauriers : 8 sur 10 expriment le besoin de savoir ce qu’ils ont fait de bien comme ce qu’ils ont raté.

En clair, dans le monde du travail comme dans la vie en général, on ne peut avancer que s’il on a des repères, des indications claires de nos forces, de nos points de vigilance et de nos lacunes.

C’est même l’une des clefs du fameux bien-être au travail, notion dans l’air du temps présentée comme un remède miracle, mais parfois raillée comme une lubie passagère.

Améliorer le bien-être de ses salariés, ce n’est pas modifier ou ajouter des éléments périphériques (installer un baby-foot ou des canapés fluos dans la cafétéria, offrir des séances de yoga etc…), c’est agir sur l’activité même et lui redonner du sens. En favorisant l’autonomie, la confiance en soi, l’audace et la créativité. Autant d’objectifs impossibles à atteindre sans jalonner les parcours de feed-back authentiques et réguliers. Le fameux « empowerment » passe par la reconnaissance des succès et des erreurs.

Développer et améliorer les retours en direction de ses employés et collaborateurs n’a finalement que des avantages, en plus d’être une action simple à mettre en place. En formation, durant les sessions et à l’issue des ateliers, ce feed-back apparaît naturel, indispensable. Toute formation qui ne l’inclut pas dans son déroulé serait une imposture. Les participants l’attendent et se l’approprient. Ils n’hésitent pas à faire eux-mêmes des retours vers leurs collègues lors de sessions de groupes.

Le feed-back est bel et bien la piste de réflexion que managers et CHO doivent emprunter en premier lieu. Et le levier qu’ils ne doivent pas hésiter à actionner plus souvent.

 

 

Entreprises, institutions: place aux jeunes ?

Ils réclament du mouvement, du rapide et de l’efficace. Ils veulent même changer et sauver le monde. Dans les entreprises comme à la tribune de l’ONU, ils n’hésitent pas à interpeller et bousculer leurs aînés.

Ils, ce sont les jeunes, ces générations que l’on classe volontiers dans des concepts-tiroirs à la mode (générations « Y » ou « Z »). Ce sont ces icônes qui surgissent pour nous rappeler à l’ordre et déclenchent les passions (Greta Thunberg). Ce sont celles et ceux à qui les entreprises font une place dans de nouveaux dispositifs  type « shadow comex ». Les jeunes fascinent, inspirent, parfois ils inquiètent ou agacent. Alors, faut-il céder aux sirènes du jeunisme ou prendre un peu de distance face à un phénomène de mode, un mouvement spontané, davantage épidermique que raisonné?

L’article de Laure-Anne Warlin dans Les Echos donne quelques pistes de réflexion pour faire la place aux jeunes. Une place qui a du sens et qui doit s’inscrire dans un projet commun. Pour éviter les actions gadgets et préserver le rôle de chacun.

Les jeunes vont-ils vraiment sauver le monde? Le Point

Dans un monde instable, l’efficacité passe par les compétences humaines

Ce discours dense et documenté de Margaret Heffernan a de quoi inspirer dirigeants, responsables RH ou managers. L’auteure-entrepreneure part d’un constat paradoxal: alors que le monde n’a jamais été aussi instable, imprévisible, nous ne supportons plus les aléas, l’incertitude et sommes démunis face à l’impromptu. En entreprise comme ailleurs, nous ne recherchons que la perfection, le planifié, l’efficacité à travers la gestion de données et les algorithmes. Les technologies nous rassurent quand elles nous promettent l’exactitude mathématique, le prévisible. Mais elles neutralisent notre capacité d’adaptation, brident notre imagination et bradent les rapports humains.
La quête de l’exactitude à tout prix dans un monde chaotique est donc vaine. A moins de miser davantage sur les compétences humaines. Ce qui peut nous aider à rester efficace, ce sont les expériences non gagnées d’avance, la prise de recul et l’audace de s’aventurer en terrain moins connu. Un pari que l’on rechigne à faire, sous la pression du temps et de la détestation du risque. Mais un pari nécessaire pour libérer la créativité, l’innovation, l’imagination.

Encore mal-aimé en France, l’art oratoire peut devenir un ascenseur social

Paroles, paroles… L’art oratoire serait encore mal considéré en France. Oui, cette soft skill tant recherchée en entreprise souffrirait d’une mauvaise réputation. L’agilité verbale serait un savoir superflu, voire un talent suspect, puisque « beau parleur » rime avec « menteur ». Pire, cette compétence serait un marqueur social, un de plus, caractérisant une élite. Le Point rappelle ici que c’est absurde et bien dommage, mais que la réhabilitation est en marche. Ouf! Occasion de rappeler, comme Les Echos l’avaient fait le mois dernier, que l’école a un rôle central à jouer pour initier et entraîner les Français à la prise de parole en public dès le plus jeune âge, à l’instar de leurs camarades anglo-saxons…

L’art-oratoire-un-ascenseur-social-des-la-rentree-Le Point

Pourquoi la prise de parole devrait être enseignée à l’école

Régulièrement, une vidéo de prise de parole inspirante est partagée en masse sur les réseaux sociaux. Bien souvent, elle nous vient des Etats-Unis.

La dernière en date, celle de Megan Rapinoe, la star de l’équipe féminine américaine de football sacrée championne du monde, fait encore le buzz une semaine après.

Nous envions l’aisance à l’oral de nos amis anglo-saxons, en particulier outre-Atlantique. Qu’ils soient chefs d’entreprise, sportifs, artistes, ils montrent bien souvent une facilité et un certain talent pour s’exprimer en public. Ce n’est pas un hasard: leur système éducatif laisse une large place à l’apprentissage et l’entraînement à la prise de parole. Exposés avec ou sans notes dès les petites classes, multiplication des événements solennels (fêtes de fin d’année, remises de diplômes), participation à d’innombrables « debate clubs »… les occasions sont nombreuses, outre-Atlantique, pour développer cette compétence si précieuse par la suite, dans la vie professionnelle comme personnelle.

Alors oui, comme le rappelait récemment Les Echos, il est grand temps de s’inspirer de cette « tradition » et de faire un peu plus de place, dans nos écoles primaires, à l’enseignement de la prise de parole en public. Du moins au-delà de la récitation ânonnée les mains dans le dos. Pour que les écoliers français ne découvrent plus les difficultés des oraux à fort enjeux au moment de passer leurs examens, et seulement à ce moment là…

Les Echos – Pourquoi-il-faut-enseigner-la-prise-de-parole-en-public

La prise de parole en public à portée de tous… grâce à l’IA?

Selon cet article récent de la Harvard Business Review, l’IA permettrait de développer ses talents d’orateur. Avec notamment des applications et logiciels d’entraînement aux entretiens d’embauche. Voici donc une nouvelle vertu affichée de l’intelligence artificielle : mettre l’éloquence à la portée de tous, où on veut et quand on veut. Quand aux recruteurs, ils disposeraient d’outils et d’algorithmes pour disséquer les enregistrements vidéo des candidats. Reste la question de fond, presque philosophique: est-ce pertinent de recourir à l’IA pour analyser au plus près et évaluer des éléments fondamentalement humains?

HBR – L’intelligence artificielle au service de la prise de parole en public?

Les 10 commandements de la gestion de slides

Concevoir, élaborer et bien gérer ses slides en présentation : le sujet reste un vrai challenge pour nombre de collaborateurs en entreprise. Les supports visuels peuvent être un atout, une réelle plus-value s’ils sont maîtrisés et adaptés à la prise de parole. Dans le cas contraire, ils peuvent plomber votre intervention. Rappeler les 10 conseils qui conditionnent une bonne gestion de ses slides n’a donc rien de superflu.

En amont de la présentation :

1 – Elaborer vos slides en fonction de votre discours et non l’inverse. Votre PowerPoint (ou Keynote ou Prezi…) n’est qu’un support qui doit valoriser votre discours. Vous devez pouvoir vous en passer (ne serait-ce que pour pouvoir assurer en cas de problème technique).

2 – Elaguez vos slides au maximum. Une idée importante par slide. Pas plus d’une quinzaine de mots. Une image si besoin. Chaque slide doit pouvoir être comprise en 5 secondes (faites le test !) Evitez les longues listes à puces.

3 – Adoptez une charte graphique. Elle doit être cohérente, plutôt épurée. Elle rappelle et valorise l’entreprise.

4 – Soignez la lisibilité. Votre police de caractère doit être assez grosse, simple (on évite le gothique ou les handwriting) et se détacher au maximum du fond. Un graphique est parfois mieux qu’un long discours : dans ce cas simplifiez-le au maximum, gardez seulement les données essentielles.

5 – Utilisez des images, voire des effets spéciaux, mais uniquement s’ils ont un sens par rapport à votre propos. N’essayez pas d’impressionner ou de « faire joli ».

6 – Prévoyez si possible une version épurée que vous utiliserez lors de votre prise de parole, et une version détaillée que vous pourrez fournir à vos interlocuteurs… de préférence après votre présentation.

7 – Régler en amont toutes les modalités et contraintes techniques. Vérifiez le lieu où vous allez prendre la parole. Où allez-vous vous placer ? Comment vos supports visuels seront projetés ? Evitez toute surprise à gérer en urgence au moment de commencer.

8 – Préparez-vous. Répétez votre présentation, comme un comédien répète avant la première. A plus forte raison si cette prise de parole est à fort enjeu. Si le temps vous manque, privilégiez les temps forts : les premières minutes, les soudures entre parties, la conclusion. Veillez au dynamisme de votre présentation et aux transitions entre slides, au besoin en utilisant des techniques d’entraînement type PechaKucha.

Pendant la présentation :

9 – Ne démarrez pas d’emblée par une slide. Toute l’attention du public doit être concentrée sur vous les premières secondes. Soignez d’abord votre prise de contact, votre accroche, votre introduction. Si vous démarrez avec l’écran allumé, prévoyez une slide noire par exemple.

10 – Gardez le contact regard avec votre public. Si vous pointez un élément sur une slide, ne restez pas collé à l’écran. Ne tournez pas le dos à la salle.

 

Le jeu vidéo, l’idée en vogue contre l’ennui au travail

 

La « gamification » (ou ludification pour employer le terme français) serait-t-elle la nouvelle recette miracle pour lutter contre le « brown-out » (la démotivation due à la perte de sens que le salarié perçoit dans son travail) ? Après s’être largement imposée dans le marketing opérationnel moderne, dans la formation professionnelle et dans l’e-commerce, la pratique est de plus en plus testée dans le management et les RH. Objectif: remotiver les employés, leur permettre de se réapproprier leur travail et les impliquer davantage. Et ce, en transformant les tâches à accomplir en jeu.

Dernière grande entreprise à s’y mettre: Amazon. Dans ses entrepôts, le mastodonte américain de l’e-commerce veut rendre les missions de ses employés à nouveau attractives… à travers le prisme du jeu vidéo.

L’expérience, racontée par Le Figaro, permet sans doute aussi à Amazon de redorer son image après avoir été épinglée sur les conditions de travail dans ses entrepôts. La gamification peut donc aussi servir à dynamiser sa communication externe!

Le Figaro – Amazon veut motiver ses salariés avec des jeux vidéo

Le CHO, gadget ou véritable atout pour l’entreprise?

Quand un chief happiness officer défend l’utilité et le sens de son métier… Johann Carelli l’explique dans les colonnes de la Harvard Business Review: non, le CHO n’est pas un GO engagé pour détendre l’atmosphère. Non, son rôle ne consiste pas à installer un baby-foot et distribuer des fraises tagada pour que le souffle du bonheur gonfle les voiles de l’entreprise. Un décryptage forcément partial donc, mais instructif à l’heure où on brocarde volontiers le management « bisounours » et la course au bien-être dans le monde du travail.

HBR France – Le CHO n’est pas celui que vous croyez