Prise de parole: soyez irremplaçable (par l’IA)

Paraître unique et crédible. Cet objectif des prises de parole en public n’est pas nouveau, mais il se positionne désormais en premier plan. A l’heure où les intelligences artificielles promettent de réaliser, dupliquer, ajuster à volonté, rapidement et sans effort, se démarquer au cours d’une intervention orale est impératif. En clair, tous les éléments que vous allez intégrer à vos présentations et qui seraient introuvables ou impossibles à fabriquer par une IA feront forcément la différence.

Vous le verrez si vous avez, par exemple, recours à une IA pour concevoir et élaborer vos supports visuels. Le résultat proposé est bien souvent fade, répétitif et sans aucune valeur ajoutée en lien avec le moment et les objectifs de votre prise de parole. Le déroulé proposé par les nouveaux outils boostés à l’IA n’est guère aligné avec les attentes de votre public, au moment précis où vous vous retrouvez face à lui.

Raconter des histoires, exprimer des ressentis, faire participer le public qui a conscience d’assister à un moment unique (le succès actuel des stand-up et des comedy clubs n’est pas un hasard), voilà le nouveau mantra des interventions orales réussies.

En outre, la crise du Covid est passée par là. Elle a épuisé nombre de collaborateurs, notamment les managers. Elle a bousculé puis délité les relations humaines dans nombre d’entreprises, imposé le distanciel comme la seule solution, puis comme une solution de facilité mise en place par défaut. L’atterrissage est souvent rude quand il faut revenir au présentiel.

Le besoin impérieux de retrouver du sens, du lien et de la proximité dans les relations en entreprise infuse tout autant lors des interventions orales. Efficacité et concision, oui, comme toujours. Mais aussi partager un moment, être authentique, donc unique, surprenant et inspirant.

Pour les personnes de nature réservée, pour toutes celles et ceux qui détestent se mettre en avant, cette personnalisation des prises de parole sonne comme une contrainte supplémentaire. Voire une raison de plus pour « ne pas y aller ». Au contraire. C’est le moment d’y travailler, de comprendre les vrais enjeux et les apports de l’exercice, pour vous comme pour vos publics à venir. Et de se lancer.

Les bons comédiens se préparent, travaillent et répètent énormément. Ils sont souvent, à la base, les plus grands timides, les plus grands sensibles, les plus grands stressés. Au fond d’eux, ils doutent en permanence, mais quand le rideau se lève ils donnent tout. C’est pour cela qu’ils nous touchent. Même si c’est techniquement possible, remplacer un artiste par une IA ne fait rêver personne.

 

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Sortie de crise: racontez « votre » histoire

Pour sortir de cette crise globale et inédite, et mieux rebondir, retrouver une cohésion des équipes est un préalable. C’est le moment de miser sur les vertus d’un storytelling adapté: le besoin de témoigner n’a jamais été aussi fort, et les retours d’expériences n’ont jamais été aussi inspirants.

C’est entendu, la fin de la crise sanitaire n’est pas pour demain. On l’a bien compris aussi, un retour à la vie d’avant n’est pas à l’ordre du jour. On s’en est rendu compte, la fin du déconfinement pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Entre les précautions sanitaires en perpétuelle évolution, les incertitudes quant à une reprise d’activité, les situations floues chez les fournisseurs, sous-traitants, clients et concurrents, la sortie de crise ressemble à un périple homérique, une navigation à vue dans un épais brouillard.

Parmi les impératifs du moment : le retour apaisé des collaborateurs et la restauration d’une cohésion d’équipe mise à mal par les vécus divers et variés de la situation sanitaire. Car chacun a traversé, et traverse encore, cette épreuve à rallonge de manière très différente.

Les profils sont innombrables. Certains sont restés en poste pour des raisons et dans des conditions diverses. D’autres collaborateurs ont travaillé à distance, là aussi dans un environnement personnel variant du tout au tout. D’autres ont été mis en chômage partiel. Le retour (progressif et partiel) au travail et dans l’entreprise impose de recréer un lien distendu, voire rompu au sein des équipes.

Raconter « son » histoire, témoigner de sa traversée des épreuves permet de reconstruire une communauté de destins. C’est même un moment indispensable avant d’envisager de regarder et agir ensemble, dans la même direction. Le besoin de partager son expérience de la crise est par ailleurs très fort. Il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour voir à quel point chacun ressent le besoin irrépressible de raconter un bout de son histoire.

Ça tombe bien, le besoin d’écouter les expériences des autres est également très vivace. Et s’avère précieux pour rebondir. Puisque la parole des experts et des oracles (qu’ils soient scientifiques, politiques ou économiques) n’est plus audible dans cette crise, il reste le vécu et l’humain, l’expérience de chacun, chacun étant devenu par nécessité l’expert de sa propre situation.

Dans ces conditions, le storytelling revêt un intérêt nouveau en management et représente un levier puissant. Parfois considéré comme une simple technique de marketing, il devient un préalable à la cohésion du groupe et aux conditions du rebond. Il est personnalisé, authentique et sincère. En un sens, il revient aux fondements du « raconte-moi une histoire » de notre enfance, puisqu’il n’a d’autre but que de partager, apaiser et donner des forces. Il permettra aussi d’ajuster et de mettre en valeur à nouveau les valeurs de l’entreprise. Cette entreprise où il s’est passé tant de choses ces derniers mois, avec son lot de protagonistes, de situations et actions inédites, de rebondissements, de trajectoires personnelles et collectives souvent insolites.

Chacun a dû gérer la crise en urgence, avec ses moyens, ses idées, ses moments de solitude et ses éclairs de génie. Chacun a une expérience, et même mieux, une expertise à partager. Une histoire à raconter. C’est un bon début pour recréer du lien, retrouver une direction et des objectifs communs.