C’est la belle histoire du moment en matière de communication et de branding. Elle est signée Décathlon et fait gazouiller les réseaux sociaux de commentaires enthousiastes. L’enseigne sportive a décidé de ne plus vendre son masque de plongée star Easybreath pour le réserver aux personnels soignants en première ligne dans la lutte contre l’épidémie de Covid19. La raison ? Cet accessoire nautique ludique et plutôt basique, peut, une fois adapté et bricolé, devenir un masque d’urgence utile pour les respirateurs hospitaliers et une protection efficace pour les personnels.
Comme toujours en pareil cas, la belle histoire prend forme et prospère sur le web et les réseaux sociaux, à travers vidéos et documents explicatifs, et au fil des commentaires positifs qui tombent en cascade. L’enseigne a toujours été très active sur les réseaux sociaux, où elle a toujours su cultiver à la fois proximité, réactivité et entretenir un fort capital sympathie. Elle illustre à elle seule la capacité du web et des réseaux sociaux à transformer un coup d’arrêt en nouvel élan. Et montre à quel point la réputation d’une marque doit se surveiller comme le lait sur le feu, dans les bons moments comme les mauvais.
A contrario, les enseignes qui ne font pas preuve de la même réactivité peuvent le payer cher. Car en négatif, fleurissent aussi sur Twitter comme LinkedIn des photos et commentaires assassins montrant les rayons d’autres distributeurs continuant à proposer le fameux masque, parfois en promo et en tête de gondole. Une sanction immédiate et sévère, mais le tribunal populaire des réseaux sociaux fonctionne ainsi : hyper réactif, rarement indulgent ou mesuré, il applaudit ou condamne dans l’instant et ignore souvent les circonstances atténuantes.
Les enseignes finissent donc par sauter le pas et réaliser l’impensable il y a peu de temps : associer étroitement la crise sanitaire à leur politique marketing et communication. De préférence de manière subtile et positive, en affichant plus que jamais les valeurs incontournables du moment : solidarité, générosité, engagement.
Les entreprises du luxe et de la mode, les premières à être fortement impactées, avaient lancé le mouvement des initiatives spectaculaires. On se souvent notamment du groupe LVMH qui s’est lancé dans la fabrication massive de gel hydroalcoolique. L’impératif de solidarité s’imprime désormais jusque dans les activités mêmes de vente. A l’instar de la marque de vêtements Iro, qui reverse 10% de ses ventes en ligne à la Fondation AP-HP.
D’une manière générale, toutes les entreprises, petites ou grandes, notamment celles en contact quotidien avec le grand public, sont amenées à intégrer la catastrophe sanitaire à leurs actions, leur posture et leur communication, et ce de manière de plus en plus directe et visible. Les difficultés du moment doivent inspirer vigilance et créativité, être converties en initiatives et idées fortes. Pour préparer la sortie de crise dans les conditions les moins difficiles possibles. Et ne pas sortir de ces temps troublés avec une image abîmée en plus d’un chiffre d’affaires en berne. Car c’est sur cette image préservée que pourra s’opérer un nouveau départ.