Le trio gagnant des compétences qui font la différence

Cela fait un moment déjà que les compétences techniques (hard skills) ne sont plus l’alpha et l’oméga des recrutements. Dans la littérature récente sur le sujet, les soft skills (parfois appelées savoir être ou mental outlook) se taillent la part du lion. Ces compétences comportementales sont décrites, classées, catégorisées en 5, 10, 12, 15, 20 items depuis des années. Empathie, capacité à communiquer, aisance à l’oral, management d’équipes, gestion du stress, écoute, intuition, créativité, audace, flexibilité… elles sont de mieux en mieux identifiées par les DRH, recruteurs et managers. Ce qui n’empêche pas quelques mises au point sur les idées reçues qu’elles suscitent.

L’impératif récent de trouver des profils atypiques a généré un engouement pour les mad skills, ces « grains de folie » qu’on oppose volontiers aux soft skills pour souligner leur complémentarité. Une tendance venue directement des entreprises high-tech de la Silicon Valley. Il s’agit de talents personnels voire anti-conformistes, que l’on conseille de valoriser dans les CV… et que l’on traque volontiers sur les réseaux sociaux et lors des job datings. Courir le marathon, faire du bénévolat dans une ONG, pratiquer le yoga, être féru de manga… autant de passions qui traduisent un trait de caractère particulier, un supplément d’âme susceptible de séduire. Depuis 2 ou 3 ans, on en parle ici et , et de plus en plus.

Enfin, il y a une compétence très classique mais dont on parle assez peu : la culture générale. De plus en plus appréciée dans tous les métiers, elle peut aussi faire la différence. Il ne s’agit pas de celle que l’on booste tous azimuts le temps de préparer le concours de Sciences Po. Ce n’est pas non plus celle qui consiste à connaître la capitale de l’Ouzbékistan pour briller au Trivial Pursuit. C’est celle que l’on acquiert et que l’on entretient tout au long de son parcours personnel et professionnel. On l’apprécie chez une nouvelle recrue qui connaît bien l’histoire, l’actualité, les acteurs, les anecdotes du secteur dans lequel il évolue, et au-delà. C’est celle qui traduit une capacité de décryptage de son environnement. Celle qui traduit une ouverture d’esprit et une vraie curiosité. Celle qui, du coup, dope la capacité relationnelle. On l’aura compris, la culture générale est un savoir a priori très classique, mais directement relié à bon nombre de soft skills.

 

Les entreprises françaises plébiscitent les conférences « à la TEDx » en interne

Les Français seraient toujours plus inspirés par le management à l’américaine. Le Point en livre une illustration avec un focus intéressant sur les conférences et autres stand-up events organisées par les entreprises tricolores pour inspirer, mobiliser leurs salariés, leur transmettre valeurs et savoir-faire. L’énorme succès sur le web des conférences TEDx est passé par là. On s’arrache désormais des intervenants extérieurs, plus ou moins connus, dont le message est a priori plus écouté que s’il était soufflé en interne.

Bien sûr, il y a l’aspect show off lié au pedigree de certains intervenants: des politiques, des philosophes, des sportifs, des magiciens, voire… des chanteurs de hard-rock. Mais cette tendance illustre un phénomène de fond: l’importance croissante accordée à l’oralité, dans notre culture traditionnellement dominée par l’écrit. Là aussi, l’inspiration vient d’outre-Atlantique, où les compétences à s’exprimer à l’oral sont encouragées et développées très tôt dans le système scolaire. Le recours accru aux conférenciers de tous bords montre à quel point le pouvoir de conviction, le charisme à travers l’éloquence, la capacité de susciter l’adhésion par le discours sont des compétences de plus en prisées en interne et recherchées en externe.

Au-delà de l’instant agréable passé avec le rugbyman, l’ancien responsable syndical ou ex-membre du RAID, il reste à mesurer l’apport véritable de ce type d’événements pour les salariés dans leur quotidien professionnel. Mais nul doute qu’il s’agit de moments inspirants. Y compris pour les managers et dirigeants qui souhaitent développer l’oralité et les prises de parole efficaces dans l’entreprise.

Patrons, entraînez-vous à la question qui fâche

La question qui fâche est inévitable. C’est par nature celle qui intéresse les médias en premier lieu. Les sujets sensibles, les problématiques « poil à gratter » et autres polémiques petites ou grandes attirent l’attention (et nourrissent parfois l’obsession)  des journalistes et du public. De même que la « mise sur le grill » d’un invité, qui, au centre de l’arène médiatique, va devoir lutter pour faire valoir ses arguments, sauvegarder son image et la réputation de l’entreprise.

Sur la forme, la question qui fâche est toujours un peu cinglante et polémique. Pour peu que le journaliste soit direct et pugnace, elle sera même provocante. Elle est inspirée par l’actualité autant que possible, mais aussi et surtout par une idée forte répandue à tort ou à raison, une réputation réelle ou supposée, un sujet sur lequel l’invité est prié de s’expliquer, parfois de se justifier. C’est le cas avec la question posée à Antoine Frérot, à qui on demande, tout de go, s’il n’a pas « d’états d’âme à gagner autant d’argent sur un produit d’absolue nécessité tel que l’eau ». D’entrée, le journaliste se positionne sur le terrain de la morale, en sous-entendant que Veolia n’en a pas beaucoup en engrangeant 1 milliard d’euros par an pour que nous puissions simplement boire et nous laver.

Face à ce type de questions, l’intérêt est de répondre avec aplomb, rapidité voire fermeté s’il l’on veut s’inscrire en faux. Mais aussi, être pédagogue et apporter des éléments clairs et probants qui vont rapidement nuancer (voire infirmer) les sous-entendus ou accusations contenus dans la question. C’est ce que fait d’ailleurs le PDG de Veolia de manière plutôt efficace. Son « absolument pas » tranchant et précis qui entame sa réponse est immédiatement suivi d’une argumentation construite et claire qui vise à démonter les inexactitudes contenues selon lui dans la question. Pour, au final, exposer un message fort qui va à l’inverse des présupposés. En substance : « Veolia offre un service technique et performant pour qu’une eau propre arrive à volonté chez vous et en reparte sale, le tout gratuitement ».  Et pour donner du crédit à son argumentation, Antoine Frérot verse dans la mise en situation et les exemples concrets, qui ont pour but de rendre son discours immédiatement compréhensible et de témoigner de sa bonne foi.

Autre avantage de cette manière de répondre : elle permet d’utiliser au maximum les leviers de la communication non-verbale au service de la conviction. L’accroche regard est totale, le visage est animé, la gestuelle accompagne le discours, le sourire s’esquisse au bon moment. L’invité délivre une vraie présence à l’antenne, il s’avance vers son interlocuteur, paraît pleinement investi en énergie dans sa réponse. En communication face aux médias comme face à n’importe quel public, le travail de conviction est déjà bien entamé dès lors l’envie de convaincre est perceptible.

Nul doute que cette réponse à la fois incisive et argumentée, le dirigeant l’a préparée. Et c’est tout l’intérêt de ce petit décryptage. La question qui fâche, anxiogène en soi, vaut largement la peine d’être vécue, car elle est l’occasion de renforcer une position. De remettre les choses en place ou en perspective. De couper court aux malentendus et aux raccourcis. De tordre éventuellement le cou à une idée reçue.

La question qui fâche, qui surgit inévitablement un jour ou l’autre sur le parcours médiatique du dirigeant, doit être considérée davantage comme une opportunité que comme une mauvaise rencontre.

En revanche, elle s’anticipe et se prépare. S’entraîner à répondre aux questions qui fâchent n’est pas une simple recommandation en média-training. C’est un impératif.