C’est un fait : les entreprises françaises doivent anticiper et intégrer la crise du coronavirus dans leurs prévisions d’activité. Ce qui était évident pour les multinationales (secteur aérien, groupes installés en Chine, secteurs dépendant en partie de la clientèle asiatique comme le luxe et le tourisme) le devient pour toutes les entités, petites, moyennes ou grosses, en lien direct avec la Chine ou pas. Il s’agit bien d’une crise d’origine extérieure et déjà globale, qui impose une veille et une préparation. Et pour 5 raisons principales :
1 – L’épidémie se rapproche géographiquement. Elle a fait un bond au cœur de l’Europe avec les foyers italiens, dont on ignore encore l’origine. Les événements qui affolent la Lombardie et la Vénétie peuvent fort bien éclater en France dès demain.
2 – La liste des pays concernés s’allonge, notamment au Proche et Moyen-Orient. Ces dernières heures ont vu s’ajouter l’Irak, le Koweït, Bahreïn et l’Afghanistan. En plus de l’inquiétant foyer iranien.
3 – Les marchés financiers font preuve d’une nervosité grandissante. Ils ont horreur de l’incertitude, or c’est bien le sentiment qui domine. Toutes les entreprises cotées doivent intégrer dans leurs process de gestion de crise la perspective d’une chute des marchés, forte dans la durée et/ou en intensité.
4 – Les mesures préventives annoncées par le gouvernement promettent d’accompagner les entreprises exposées du fait de leurs liens avec la Chine. Mais pour l’heure, rien n’est annoncé en cas de multiplications de foyers « à l’italienne » en France et en Europe. Pourtant, le gouvernement lui, travaille sur des scenarii d’épidémie globale. La preuve, il hausse d’un cran son niveau de mobilisation et vient d’annoncer la commande de dizaines de millions de masques de protection destinés aux personnels en contact avec des personnes malades.
5 – La psychose collective, qu’elle soit justifiée ou exagérée par rapport aux événements, ne peut que plomber l’économie et les résultats des entreprises. Nous n’en sommes pas là, mais il en faudrait peu pour que l’inquiétude grandissante se change en psychose, et en paralysie des activités humaines et économiques, sur des territoires plus ou moins vastes. A la mesure de ce qui se passe autour de Milan ou Venise.
C’est bien ce dernier point qu’il faut anticiper. En cas de foyer épidémique en France, il faudra adopter les mêmes mesures qu’en Chine, Corée ou Italie. Restriction des déplacements, vastes périmètres en quarantaine, fermetures temporaires des espaces et lieux publics (y compris centres commerciaux, voire usines et zones d’activité)… Autant de perspectives qu’il convient désormais d’intégrer dans les scenarii et les process de gestion de crise mis en place dans les entreprises, en fonction de leur situation géographique, leur activité, leurs partenaires (clients, fournisseurs), leurs contraintes logistiques (transports, stocks…). Sans sombrer dans le catastrophisme, et en attendant d’en savoir plus sur ce virus encore bien mystérieux (sa période d’incubation n’est même pas encore établi avec certitude), toutes les entreprises ont intérêt à anticiper une crise majeure pour essayer d’en amortir les effets si elle se présente.