C’est bien connu : pour faire passer son message, marquer les esprits, rien ne vaut un bon mot, une formule choc, une petite phrase bien ciselée, un trait d’esprit ou d’humour… Les hommes politiques l’ont bien compris. Ils en usent et parfois en abusent. Les journalistes eux-mêmes ont recours aux formules choc pour donner du relief à leur plume. En outre, ils adorent les reprendre et les relayer, sachant qu’elles sont percutantes et plairont à coup sûr à leur public.
Mais attention : la petite phrase est une arme à double tranchant. Elle marque les esprits. C’est le but recherché… mais c’est parfois tout le problème. Il s’agit de ne pas se tromper, sous peine de voir une formule choc stigmatiser, parfois à vie, celui qui l’a prononcée. Pour prendre un exemple (ils sont innombrables) puisé dans la vie politique, l’ex-secrétaire d’Etat à la Santé Georgina Dufoix sera à jamais associée au « responsable, mais pas coupable » prononcé durant les soubresauts de l’affaire du sang contaminé dans les années 80. Et le « responsable mais pas coupable » est devenu lui-même une formule toute faite, un gimmick.
La formule choc est à utiliser avec parcimonie et à sélectionner avec soin. Qu’il soit brillant ou affligeant, votre bon mot risque d’être repris par tous les médias et de tourner en boucle sur le web. En outre, si elle est utilisée à tour de bras, la formule choc peut devenir une marque de fabrique encombrante, voire ridicule. Certains hommes politiques de tous bords ont fait du trait d’esprit une spécialité. Parfois, leur talent est reconnu au point d’en tirer une réelle popularité, à l’instar d’un André Santini. Mais cette marque de fabrique n’est pas forcément promesse de crédibilité, loin de là. Les formules imagées et alambiquées de l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (les devenues célèbres « raffarinades ») ont fait les beaux jours des médias en général et des Guignols de l’Info en particulier. François Hollande tend à dégainer le jeu de mot en toutes circonstances. Une habitude diversement appréciée.
Dans un registre proche, méfiez-vous des expressions « tartes à la crème ». Elles sont imagées, certes, mais peuvent être une fausse bonne idée. Evitez de multiplier les formules toutes faites, les clichés, stéréotypes et lieux communs (dont usent et abusent parfois les journalistes) qui n’apportent rien et ne surprennent plus personne. Exemples : « Enterrer la hache de guerre », « Franchir la ligne jaune », « Il n’y a pas photo », « Grand oral », « Levée de bouclier », « Donner son feu vert », « couper le cordon ombilical » etc. La liste est inépuisable. Ces expressions peuvent paraître utiles pour illustrer un propos : en fait, ce sont souvent des périphrases qui allongent inutilement le discours…
Enfin, tout comme les hommes politiques, prenez garde aux promesses lapidaires et aux discours tranchants. Votre propos vous engage, vous comme votre entreprise. Si vous avez des vérités à asséner, des promesses à formuler, soyez sûrs de vous à 100%. Une interview s’archive et peut vous poursuivre… durant très longtemps ! Prenons encore un exemple en politique, où, c’est bien connu, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. On se souvient comment Jean-François Copé avait juré, dans une formule très appuyée: « Moi vivant, il n’y aura pas d’augmentation de la redevance ». L’annonce de l’augmentation de ladite redevance est tombée deux semaines plus tard. Les médias n’ont pas manqué de ricaner. Le chef de file des députés UMP a même été nominé au prix Humour et Politique 2009…