Que faire si un article vous déplaît?

Vous avez été interviewé, votre parole – et avec elle votre entreprise – est donc mise en avant dans un article… dont le contenu vous déçoit, ou même vous déplaît fortement. Il vous paraît erroné, exagéré, déformé ou ne pas correspondre à ce que vous avez dit en entretien. Cela arrive. Une brusque tension avec la presse est toujours possible. Comme nous l’avions évoqué il y a quelques mois, il existe des moyens de réagir, en fonction des circonstances.

Dans le cas d’un article sur internet, n’hésitez pas à envoyer un commentaire pour faire part de votre mécontentement. Restez courtois, évitez de paraître agressif. Sinon, votre commentaire risque de ne pas passer l’obstacle de la modération. Mais faites une mise au point précise, argumentée et ferme.

Dans le cas d’un article dans la presse écrite, vous pouvez avant tout joindre le journaliste et lui faire part de vos griefs. Contactez directement le journaliste que vous avez rencontré plutôt que son chef de service ou la direction. Souvent, une discussion calme et posée permet de désamorcer un conflit et faire émerger la bonne foi. Si cette première étape ne donne rien, vous pouvez alors vous tourner vers le chef de service ou la direction de la rédaction du journal.

Si le journaliste a commis une erreur évidente dans son article (un chiffre faux, erreur sur une personne, contresens…), vous pouvez demander la publication d’un rectificatif. Tout organe de presse digne de ce nom publie un rectificatif lorsqu’une erreur manifeste s’est glissée dans un article. Même chose si une mise au point vous semble nécessaire, pour évacuer une ambiguïté, une imprécision qui nuirait à votre entreprise ou à une personne. Si l’on vous prête des projets (par exemple une délocalisation, un plan social, une fusion avec une autre société…) qui n’existent pas en réalité, vous pouvez ainsi les démentir formellement.

Si toutes les tentatives de médiation échouent, que l’enjeu est important, notamment en terme d’image et que vous êtes certain d’être dans votre bon droit, vous pouvez alors sortir « l’artillerie lourde » : le droit de réponse. Très contraignante, délicate à mettre en œuvre, cette option est à utiliser après mûre réflexion. Cette disposition, prévue par l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, est très codifiée. L’usage d’un droit de réponse pourra laisser des traces dans vos relations avec le média concerné. C’est à vous de juger s’il faut l’utiliser, en fonction du préjudice que vous estimez avoir subi.

Dans tous les cas de figure, gardez à l’esprit que ces différents recours ne sont utilisables que pour démentir ou préciser des éléments factuels, ou bien pour se défendre contre des agissements répréhensibles (insultes, diffamation). En revanche, si un journaliste émet une interprétation qui vous paraît discutable, un commentaire ou un jugement de valeur (sur une décision officielle qui a été prise ou sur un produit par exemple…), c’est son droit. Vous aurez toujours la possibilité de le contacter pour lui faire part de votre mécontentement. Mais il sera difficile d’aller plus loin, au nom du respect de la liberté de la presse.

Rédiger un communiqué de presse efficace

Il fait partie des outils de base pour faire passer un message auprès des médias et pourtant… Combien de communiqués de presse mal conçus ou mal rédigés finissent à la corbeille avant même d’être lus ? N’oubliez jamais que les rédactions sont abreuvées quotidiennement, par courriel ou par courrier, de dizaines de communiqués de presse. Seule une petite minorité suscite l’intérêt des journalistes au point d’impulser la rédaction d’un article. Le communiqué de presse est donc à manier avec précaution et application, à la fois dans sa rédaction et dans son envoi.

Avant la rédaction :

– Assurez-vous que votre message est réellement susceptible d’intéresser les médias. Votre information constitue-t-elle un fait nouveau ? S’inscrit-elle dans l’actualité ? Apporte-t-elle un éclairage, un complément d’information, une plus-value ? N’utilisez pas le communiqué de presse pour être simplement visible auprès des médias : ce n’est pas son objectif. Un communiqué de presse creux qui n’apporte rien de nouveau décrédibilise celui qui le transmet.

– Sélectionnez avec soin le ou les médias auxquels vos souhaitez vous adresser. Inutile d’inonder toutes les rédactions en estimant que cela augmente vos chances d’être médiatisé : ce n’est pas le cas. Une fois le ou les journalistes ciblés, vous adapterez le contenu du communiqué en fonction (Média national ? Local ? Généraliste ? Spécialisé ?…)

Pendant la rédaction :

– Prenez soin de vous présenter clairement. Le nom de l’entreprise et son activité doivent être immédiatement identifiables. Les coordonnées d’une personne que le journaliste pourra rappeler pour avoir plus de détails doivent être bien visibles et complètes (nom, prénom complet, qualité, téléphone fixe et mobile, adresse mail).

– Le communiqué de presse doit être rédigé de la manière la plus claire, simple et concrète possible. Communiquez comme les journalistes ! Reprenez à votre compte les règles de base de l’écriture journalistique (phrases courtes, actives, concrètes, message essentiel mis en avant…)

– Un communiqué de presse ne doit contenir que les informations essentielles que vous voulez diffuser. Un communiqué de presse se lit souvent en diagonale, il doit donc être court et synthétique. Ne cherchez pas à être pédagogue et exhaustif : le but est de susciter l’intérêt du journaliste, pas de faire une analyse ou un historique. Le temps des explications, des détails, des mises en perspective viendra au moment de l’interview.

Si votre communiqué de presse reste lettre morte, vous pouvez contacter par mail ou téléphone le journaliste pour vous assurer qu’il a bien reçu et lu votre message. Vous pourrez alors vérifier que votre information intéresse potentiellement ou non votre interlocuteur. Assurer un « suivi » du communiqué de presse peut-être bénéfique, pour capter l’attention à nouveau et entretenir la relation presse-entreprise. Mais attention : ne soyez pas insistant, évitez de mettre la pression ou de passer en force !

Entreprises, votre message intéresse-t-il les médias ?

Vous souhaitez faire circuler dans les médias une information concernant votre entreprise? Avant d’empoigner votre téléphone et d’envoyer à tous les vents un communiqué de presse, posez-vous la question toute simple mais ô combien cruciale : « mon information va-t-elle intéresser les journalistes » ?

Pour y répondre, voici quelques pistes. Car un journaliste s’intéresse à « l’information, la vraie » et délaisse le reste. Pour reprendre l’exemple ultime volontiers enseigné dans les écoles de journalisme, un chien qui mord une vieille dame, ce n’est pas de l’info. En revanche une vieille dame qui mord un chien, c’est un événement dont on va parler.

Quoi de neuf ? Votre information est-elle  « chaude » ? L’événement ne sera repris que s’il apporte quelque chose de nouveau.

S’agit-il d’un événement concret ? Les médias préfèrent les informations palpables, faciles à cerner et à rapide à expliciter.

Les faits sont-ils précis ? Les journalistes ne s’intéressent guère aux généralités. Ils aiment partir d’un événement précis pour ensuite, dégager éventuellement une réflexion d’ensemble.

Votre information obéit-elle aux lois de proximité que suivent les journalistes ? Ces lois de proximité, au nombre de quatre, sont respectées par les médias lorsqu’ils choisissent et traitent l’information :

– La loi de proximité géographique se résume en « plus un événement se passe près de moi, plus il est susceptible de m’intéresser ». Si votre information concerne un lieu précis, il va interpeller avant tout les populations autour. Il faut en tenir compte dans le choix des médias à solliciter.

– La loi de proximité chronologique : l’intérêt d’un événement dépend de sa place dans le temps. Dans l’ordre, c’est avant tout le présent qui compte, suivi du futur proche. Les événements passés ou dans un futur lointain sont a priori moins intéressants.

– La loi de proximité psycho-affective. Certains sujets, par nature et en fonction des inclinaisons humaines, font mouche et marquent le public. Certains domaines intéressent toujours : tout ce qui concerne la santé, la sécurité, le niveau de vie, les enfants, l’environnement, l’argent, les faits divers…

– Loi de proximité spécifique. Une information intéressera toujours davantage une population qu’une autre, et donc une catégorie de médias plutôt qu’une autre. Votre information est elle locale ou d’intérêt national ? D’ordre économique ? Elle est liée à l’emploi ? La fiscalité ? La sécurité des personnes ? En fonction des réponses à ces questions, vous choisirez les médias adéquats.

Pour être jugé intéressant, et donc constituer une « vraie info », le message que vous souhaitez diffuser doit répondre à un maximum de ces critères. Et au moment de vendre votre info à la presse, n’hésitez pas, justement, à mettre ces critères en avant et en valeur.

Journalistes : mode d’emploi

Il existe différents types de médias (agences de presse, presse quotidienne nationale, régionale, magazines, hebdomadaires, radios, télévisions, internet…) donc différentes catégories de journalistes. Pour autant, il est possible d’esquisser un portrait-robot « du » journaliste, avec quelques traits caractéristiques.

  • Le journaliste est pressé. Ne soyez pas surpris, et encore moins fâché si un journaliste vous semble pressant. Il se bat constamment contre le temps. En presse écrite, il doit rendre son papier avant le bouclage. Dans l’audiovisuel, il doit « mettre en boîte » son sujet avant diffusion. Dans l’audio-visuel, l’avènement de l’info en continu, initiée par France Info en 1987, a considérablement accentué la contrainte de temps qui pèse sur le journaliste. Un journaliste peut solliciter une interview rapide diffusée dans l’heure. L’info en continu s’est imposée en télévision (LCI, iTélé, BFM TV, France 24…) et est même devenue « info en temps réel » avec l’explosion d’internet. Le journaliste doit collecter ses informations tout de suite, les diffuser ou les mettre en ligne et repartir en chercher de nouvelles. De votre côté, si vous souhaitez contacter un journaliste, faites-le en début de journée, il sera un peu plus disponible.
  • Le journaliste sélectionne, synthétise et vulgarise. Vous risquez d’être frustré. Vous avez été interviewé assez longuement et au final, seules quelques phrases vous concernant ont été retenues et sont publiées ou diffusées. Et encore, vous avez l’impression que vos idées ont été simplifiées à l’extrême, avec des raccourcis voire des imprécisions. C’est inévitable, car c’est un autre impératif qui caractérise le fonctionnement du journaliste : il s’adresse à un public souvent très large. Il doit faire simple et court pour capter le maximum d’attention. C’est particulièrement le cas en radio et en télévision, où votre contribution finale sera souvent réduite à 10 ou 20 secondes. Gardez à l’esprit que plus un sujet est technique et complexe pour les profanes, plus il sera vulgarisé au final par les médias grand public. A vous d’anticiper : préparez vos réponses en fonction, et ne soyez pas trop amer en découvrant le rendu final de votre prestation. Bien sûr, si vos propos sont déformés ou tronqués au point de vous faire dire ce que vous n’avez jamais dit, c’est une autre histoire et nous aurons l’occasion d’y revenir…
  • Le journaliste vérifie, recoupe ses sources. Ne soyez pas vexé en apprenant qu’un journaliste à vérifié auprès d’une autre source l’information que lui avez donnée. Cela fait partie de son travail. Tout journaliste qui ne recouperait pas ses sources prendrait le risque d’être « intoxiqué » ou manipulé. Vous n’avez pas été le seul à être interviewé sur un même sujet? Ça ne veut pas dire que le journaliste a voulu diluer votre intervention. C’est simplement qu’il doit proposer au public divers témoignages et points de vue.
  • Le journaliste est tributaire de l’actualité. Vous avez été interviewé… et jamais diffusé ou publié ? N’enragez pas. Il arrive que l’actualité bouscule les prévisions, modifie les urgences. Un article planifié pourra être déplacé, reporté, voire même annulé au dernier moment si un sujet plus brûlant s’impose. Si vous vous sentez frustré, pensez que le journaliste qui vous a interviewé a aussi dépensé son temps pour rien. Son rédacteur en chef a éventuellement modifié tout ou partie de son sujet. Le journaliste a peut-être dû jeter à la poubelle l’article sur lequel il a travaillé! Tout n’est pas perdu pour autant: il reviendra vers vous ultérieurement pour un autre sujet. Vous ferez alors partie de ses contacts.

Quelle relation médias/entreprise ?

« Je me méfie des journalistes, « je préfère éviter d’avoir affaire à la presse, je laisse ça à mon responsable de la communication », « parler aux journalistes, ce n’est pas mon truc, je n’ai pas le temps de toute façon »… Vous êtes nombreux à l’exprimer : les relations entre les journalistes et les entreprises ne sont pas toujours simples. Nombre de dirigeants ou managers se plaignent volontiers de liens tendus, mêlés d’incompréhension, de crainte, de suspicion… Pourtant, ces rapports rugueux peuvent aisément s’apaiser et se dédramatiser.

Bien souvent, les « dérapages » ou « frottements » ont pour origine une communication insuffisante et une méconnaissance de l’autre. D’un côté, le journaliste n’est pas forcément spécialisé dans le monde de l’entreprise et même s’il l’est, il se doit de rester humble et ouvert. De l’autre côté, une personne interviewée connaît parfois peu ou mal le fonctionnement de la presse, le travail du journaliste, ses attentes, ses moyens et ses objectifs. Elle s’en méfie parfois exagérément, considérant plus ou moins consciemment la sphère médiatique comme un monde trouble, pour ne pas dire hostile.

Alors quoi ressemble une bonne relation avec les journalistes ?

Le réponse pourrait se résumer en un mot : l’équilibre. Le journaliste n’est pas votre ami et n’a pas vocation à le devenir. Mais il n’est pas pour autant un tiers obscur qui voudrait vous porter préjudice. Aucun rapport de domination de l’un sur l’autre ne doit s’installer, que ce soit dans la première prise de contact, le temps de l’interview, ou le suivi de la relation, si suivi il y  a.

Le journaliste a besoin de vous pour écrire son article, construire son reportage radio ou télévisé. Vous lui apportez la matière première qui lui permet de travailler et de remplir ses objectifs professionnels, à l’égard de ses lecteurs/auditeurs/télespectateurs et vis-à-vis de sa hiérarchie. De votre côté, vous avez besoin des médias et leur influence pour faire passer un message, améliorer votre visibilité, soigner votre image. En tant qu’entreprise, vous gagnerez énormément à donner efficacement de la voix dans les médias. Penser que vous pouvez vous passer d’eux serait une erreur. Mieux vaut que l’information se construise à travers vous que sans vous.

Chacun a donc besoin des compétences de l’autre. Il est bon de garder en tête cette idée de relation équilibrée pour entretenir une relation apaisée avec le journaliste qui va vous solliciter, ou que vous allez solliciter.

Il ne s’agit pas de prôner naïvement une symbiose comme celle qui unit l’anémone de mer et le poisson clown. Mais d’engager et entretenir avec les médias un lien équilibré, décomplexé. Un lien professionnel, tout simplement.